Fátima – Moaner

On ne sait pas grand-chose à propos de Fátima. Le groupe vient semble-t-il de Paris, et emprunte son nom à une ville portugaise. À en croire leur bandcamp, il s’agit d’un premier coup d’essai sur long format, qui fait suite à une demo et un EP sortis respectivement en 2015 et 2016. Moaner est de ces albums sortis de nulle part, étonnement addictifs et difficilement étiquetables qui laissent une empreinte unique à chaque écoute. Ce je-ne-sais-quoi d’hypnotique qui gangrène l’esprit et laisse germer une accoutumance incurable. Ça tourne littéralement 10 fois par jour au casque – merde – ça fonctionne du feu de dieu. Et j’ai longtemps tenté de comprendre pourquoi. Ça emprunte au heavy metal des années 70, tout en entretenant une sérieuse accointance avec le doom voire le rock psyché si l’on en croit le visuel qui talonne le disque. Le truc est quasiment impossible à ranger dans une case, si bien qu’on ne sait pas vraiment ce qu’on écoute. Et dans le fond, on s’en fout un peu. Je me suis longuement demandé pourquoi j’accrochais autant à cet album au demeurant assez conventionnel.

Moaner démarre sur son éponyme, introduit par quelques répliques des aventures sous LSD de Mark Twain qu’on retrouvera plus tard çà et là. D’emblée, le son frappe. La batterie est énervée – les cymbales omniprésentes surtout – soutenue par un duo guitare-basse plutôt lourd, avec cette tonalité live aux arrangements un peu cradingues qui colorent l’album. Le mix n’est pas relativement soigné, mais l’ensemble trouve tout de même son point d’équilibre, si bien que chaque approximation vient compléter (annuler?) les autres. Ça sonne carrément artisanal, dépouillé, à l’image de cette voix nasillarde aux accents grunge que je continue d’apprécier plus encore après chaque replay. Globalement, les riffs sont simples, lourds, mais terriblement efficaces. C’est sur cela que repose l’atout majeur de Fátima : des accords pachydermiques, des rythmiques possédées et des refrains directs mais ô combien immersifs au service d’une musique taillée pour le live.

L’album est en prix libre – n’a malheureusement pas le droit à une version physique – et on espère connaître la suite pour savoir comment va évoluer le groupe. En attendant vous pouvez les découvrir en concert, via une mini tournée entamée en milieu de mois. Pour les parigots c’est déjà trop tard. Nul besoin de théoriser davantage autour de Moaner qui, vous l’avez compris, est une excellente surprise. Peut-être est-il parvenu à réveiller de vieux souvenirs d’écoute, ou simplement à toucher la corde sensible. Simple mais radical, envoûtant tout en demeurant percutant, teinté d’ambivalence, comme si Satan se croyait ange.

 

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