Vague Voices – Гробник

Réunion au sommet – ou disons plutôt des cieux aux tréfonds – chez les Bulgares d’Amek Collective. De Cyberian (aka Stefan Bachvarov), le lyrisme drone clair-obscur aux soubassements électro-indus de Limerence avait fait belle impression il y a tout juste un an. Quant au patron Angel Simitchiev plus connu sous le nom de Mytrip, nul besoin de le présenter à nos lecteurs les plus curieux et assidus. Basé sur le contenu d’un concert du duo au Sofia Game Night 2018, évènement balkanique dédié au gaming, Гробник (terme ambigu faisant référence à la fois à une personne âgée à l’article de la mort, un vampire ou un fossoyeur) s’est étoffé sur disque, faisant de ce premier opus de Vague Voices une véritable bande-son imaginaire qui n’a de kitsch que son artwork digital un brin baveux, marqué par cet amour des jeux vidéo qui l’a vu naître.

Un peu à l’image de l’excellent Protective sorti par Mytrip avec Evitceles l’année passée, l’album alterne les cumulus ambient aux nappes organiques (l’ascensionnel Crimson Wings, le sombre et crissant Shadow Archetype), des morceaux rythmiques aux textures plus minimalistes (le syncopé Irregular Warfare aussi hédoniste que lynchien, les technoïdes Soul Mirror et Berserk aux ambiances dignes des meilleures références de Stroboscopic Artefacts) et des titres où les deux facettes de cette collaboration s’équilibrent idéalement, d’un Water Prison dont les chorales de fumerolles vibrionnantes et les field recordings suintants trouvent un point de rencontre improbable au son de beats tribaux flirtant avec le dub, jusqu’au downtempo anxiogène du superbe Armor tous synthés dystopiques dehors, en passant par un Extinction is the Rule méditatif et martial à la fois ou le désespéré Cataplexy que des pulsations carnassières semblent dépecer et dévorer vivant.

Quant à Machine Immunity, du haut de ses presque 9 minutes insidieuses et saturées, il évoque l’héritage d’un John Carpenter à son sommet, pianotages inquiétants de synthé vintage et crescendo dronesque de tension ténébreuse y faisant particulièrement bon ménage. De quoi vous donner envie on l’espère de découvrir la chair triste et autres architectures désolées de l’électro/ambient d’Europe de l’Est si ça n’était pas déjà fait.

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