Date de sortie : 16 mai 2025 | Labels : Araki Records, Atypeek Music
J’étais resté sur Grey Seas (fin 2017, leur troisième EP) et, autant le dire, sur ma faim. La Camille Claudel aux yeux barrés de sang cachait six titres pour autant de promesses sauvages. La suite allait forcément être dantesque et puis… plus rien. Jusqu’à aujourd’hui où, sans qu’on s’y attende vraiment, déboule A Matter Of Perception, le premier album de Mia Vita Violenta. Tout pareil mais en encore mieux. La sculptrice sacrifiée a laissé la place à un incendie et c’est plus ou moins ce que procure le disque. Rien n’a vraiment changé mais tout est exacerbé et les sept morceaux montrent, à l’issue, que le post-hardcore a encore des choses vraiment intéressantes à dire.
Sept morceaux donc, dont trois aux alentours des neuf minutes et ne présentant aucun signe de remplissage. Sept morceaux partagés entre poids et légèreté, grosses déferlantes et mer d’huile. Sept morceaux tourmentés mais surtout vifs et tendus, complètement fragmentés voire éclatés mais toujours infiniment prenants. Car si le groupe soigne ses dynamiques, il n’en oublie pas les mélodies. Retorses, piquantes, plombées certes mais souvent séduisantes. Sept morceaux mais avec tellement de tiroirs et de chausse-trapes qu’au bout d’un moment le temps n’a plus vraiment d’importance.
Pour un premier album, on reste coi.
Tout était déjà là mais tout était donc en devenir. Ça commence fort via Dysfunction, l’un des trois longs morceaux évoqués plus haut : batterie massue mais féline, guitares massues mais aériennes, basse massue mais disloquée, cris écorchés sur tapis de chœurs inquiets et moments d’accalmie chevillés aux vents violents. Mia Vita Violenta présente les ingrédients contenus dans tout ce qui va suivre.
La suite se partage en moments distendus où le groupe appuie sur l’épaisseur, le tempo, l’intention et les nuance. On passe d’un truc massif à quelque chose de très aéré sans jamais pouvoir identifier les ruptures – les mutations sont plutôt lentes voire imperceptibles – notamment sur Forward Fall ou Detachment City. Parfois, le curseur bloque sur un entre-deux très flou qui rythme la progression : Ecstatic Tension, Zodiacal Light et Fade Out, tous muets, bien loin d’affadir l’ensemble agissent comme des transitions. Très réussies, les transitions.
A Matter Of Perception porte bien son nom, c’est bien ça la grande affaire de Mia Vita Violenta et avec sa mixture post-hardcore/rock/noise, on n’est jamais vraiment sûr de ce que l’on perçoit. Quand il lâche les chiens, ce n’est jamais définitif et les crocs finissent souvent dans un coton vaporeux qui, lentement, se solidifie en granit anthracite veiné de chaleur. Et ce mouvement est complètement addictif.
Belle œuvre !
leoluce