Civic – Chrome Dipped

Date de sortie : 30 mai 2025 | Label : ATO Records

La première écoute est franchement surprenante. Les suivantes le sont tout autant et on finit par se faire une raison : le Civic qu’on a connu n’existe plus.
Le tribut à Radio Birdman ou aux Saints, les tables de la loi punk & australes, les sourires narquois et les regards mauvais, tout ça s’est envolé. À la place, The Fool qui ouvre Chrome Dipped avec un chant moelleux et des claviers étonnants quand on sait que, jusqu’ici, le groupe a toujours largement préféré l’arrachage. Pas mal d’autres morceaux mettent en avant cette voix ourlée et cette écriture nouvelle : l’éponyme (très pixien dans l’approche), Gulls Way ou encore Amissus entre autres débarquent alors qu’on se demande encore si c’est bien Civic qu’on entend.
Et alors, c’est bien ou pas ? Oui, c’est bien. C’est différent mais ça reste néanmoins vraiment intéressant et surtout, Civic reste jusqu’au-boutiste dans ses explorations nouvelles comme il pouvait l’être dans son punk-rock. D’autant plus qu’à bien y regarder, celui-ci n’a pas totalement disparu et réapparait au détour de titres comme The Hogg ou Poison par exemple ou échantillonné façon puzzle dans beaucoup d’autres. Ce que je veux dire par là c’est que si changement il y a, rien n’est édulcoré. Alors oui, Civic a soigné son écriture mais n’a pas perdu ses crocs ni ses réflexes de sale gosse. C’est ce qui rend un truc comme Starting All The Dogs Off si intéressant : un vrai morceau distordu qui éclabousse les murs de larmes acides, qui fuzze de partout et s’emballe tout autant qu’il emballe. Et des saletés comme celle-là, il y en a pas mal dans Chrome Dipped.

Et puis ce mouvement vers le changement (et Celibate Rifles), Civic l’avait déjà amorcé sur le précédent qui le voyait abandonner sa doxa énervée qui faisait tout le sel de Future Forecast (et de l’indispensable New Vietnam And Singles) et qu’importe. Si on veut retrouver ce côté-là, il suffit de réécouter ses premiers disques. Pour le reste, Civic peut bien faire ce qu’il veut parce qu’au fond, il le fait infiniment bien.
Alors c’est vrai que Chrome Dipped délaisse le Bush accablé de chaleur pour un bunker vert-de-gris mais au final, l’album s’appuie sur des soubassements immuables – le punk australien chez ce groupe est un atavisme – qui font toute la différence. Il peut s’éclaircir la gorge, mettre les claviers en avant, soigner ses mélodies, s’autoriser un solo de guitare, balancer quelques chœurs ouvragés, ça n’annihile jamais son urgence ni ne lime ses crocs. Les chromes sont étincelants, c’est vrai, mais jamais vulgaires et le surplus de nuances n’entraîne jamais l’affadissement.
Dès lors, il s’agit de ne pas bouder son plaisir : Starting All The Dogs Off, Fragrant Rice, Kingdome Come, l’ultime Swing Of The Noose et beaucoup d’autres provoquent un sourire de contentement sur le visage et à la fin, on se rend compte qu’on vient de passer un très chouette moment avec l’envie de repartir au début.
Pour ma part, je suis aussi le groupe sur cette voie là parce que ça me parle et qu’il ne fait aucun doute que s’agissant de Civic, il a toujours été question de talent.

leoluce


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