MC et producteur de Chicago dont on a déjà pu goûter cette dernière année les instrus lo-fi tantôt planants et opiacés (en mode abstract) ou plus mordants et déconstruits (lorsque le rap s’invite) du côté d’I Had An Accident ou US Natives Records, Morbidly-O-Beats inaugure cette fois le tout jeune label clermontois Hello.L.A. du graphiste Bertrand Blanchard, dont l’artwork morbide et fuligineux souligne joliment la dimension fataliste de ces huit vignettes aux beats anguleux (DISStorded) et aux synthés déliquescents (Outro), quelque part entre le voltage crépusculaire des Dust Brothers de Fight Club (Enemy), le flow magnétique de Thavius Beck (Dead Eye) et les productions pour Sole du génial Odd Nosdam à la grande époque d’Anticon (Star).
Influence avouée depuis l’adolescence (visiblement son No More Wig For Ohio avait ouvert quelques chakras), c’est toujours ce dernier mais période Level Live Wires qu’évoque le contraste entre la sérénade d’une harpe éthérée et le souffle livide des nappes saturées sur Forgiveness In Two Parts. Pas étonnant que Morbidly-O-Beats et son pote MJC aient pu convaincre l’ex cLOUDDEAD de lâcher au printemps dernier un remix du second sur Earwax Vol. One, premier EP de leur propre écurie FilthyBroke qu’il faudra également suivre de près. En attendant, on se délectera de la tension viciée du bien-nommé Damp&Dirty ou des fantasmagories downtempo d’un Growing où Morbidly-O-Beats ne ressemble qu’à lui, épurant à l’extrême cette même mixture de samples oniriques et de beats syncopés entendue sur cassette chez IHAA, qui fait aujourd’hui de l’Américain un petit Boards of Canada hip-hop.
Vraiment bon, ça. J’ai pas trop perçu le côté Boards of Canada, mais je ne boude pas mon plaisir pour autant.