Institute – Ragdoll Dance

Date de sortie : 13 octobre 2023 | Labels : La Vida Es Un Mus Disco (reste du monde), RoachLeg Records (USA)

La dernière trace discographique d’Institute remonte à 2019 et au merveilleux Readjusting The Locks paru chez Sacred Bones Records (comme tout ce que le groupe avait sorti jusque-là en termes de long format). Avec Ragdoll Dance, quelques changements en vue : d’abord, exit le Texas, exit Austin, bienvenue à New York. Ensuite, bye bye Sacred Bones Records, aujourd’hui, c’est chez La Vida Es Un Mus Discos et RoachLeg Records que le groupe a trouvé refuge. Enfin, Albert Limones, hurleur de Nosferatu, tient désormais les baguettes. Ça fait beaucoup de changements mais ça ne se répercute pas drastiquement sur le punk atavique d’Institute que je retrouve avec grand plaisir : partagé entre post-punk et psych-rock, la voix narquoise de Moses Brown (également batteur chez les hardcoreux furieux de Glue, dont le bassiste se trouve aussi être le guitariste d’Institute, enfin à l’heure où j’écris cette chronique puisqu’ici, tout le monde joue avec tout le monde et les line-up bougent beaucoup) balance toujours ses diatribes militantes avec distance sur un lit de tessons, de clous rouillés et de pneus brûlés. Ce qui change un peu, c’est peut-être la course des morceaux qui visent plus souvent qu’à l’accoutumée le parterre (l’influence stressée de la Grosse Pomme ?) et le son très naturel, limite lo-fi qui sied parfaitement bien aux brûlots obliques de Ragdoll Dance (une constante chez La Vida Es Un Mus ou RoachLeg). Je ne m’étonne d’ailleurs pas de lire ici ou là que ce titre fait référence à Siouxsie & The Banshees (en particulier à Spellbound échappé du génial Juju) tant on retrouve chez Institute quelque chose de la noirceur caoutchouteuse des Anglais (en version certes un poil plus sauvage et réactualisée).

Les morceaux filent à la vitesse de l’éclair – dépassant une seule fois les trois minutes et coincés par trois fois en-dessous des deux – sans jamais se répéter vraiment. L’évidence mélodique du City d’ouverture plante d’emblée le décor et ferraille avec une grande intensité jamais démentie neuf titres durant. Ensuite ça louvoie entre le pied au plancher et l’oblique mais toujours avec ce petit supplément de profondeur qui fait toute la différence et confère à ces morceaux des airs de classiques instantanés : Dopamine For My Baby et son refrain génial tout en bégaiement sur fond de punk canal historique, le plus fuyant All The Time qui lévite vers le bas ou encore Where’s It Go ? rappellent que le post-punk n’est pas que cette étiquette délavée que l’on colle partout et sur n’importe quoi, vidée de sa substance véritable et qu’il a encore des choses très intéressantes à expulser. On retrouve aussi des choses plus prototypiques, les excellents Uncle Sam’s Hate, Dead Zone ou Plateau Of Self par exemple retrouvent les riches heures de Readjusting The Locks (et d’un peu tout ce que le groupe a pu sortir jusqu’ici) et l’ensemble donne un Ragdoll Dance qui s’inscrit pour longtemps sous la peau. La seule chose que je pourrais lui reprocher à la limite, c’est sa trop courte durée mais là aussi, je n’en suis pas si sûr. Quand tout est dit, pourquoi en rajouter ? Institute est tout simplement bien trop classieux pour cela et sait décidément comment ne conserver que le nerf en faisant abstraction de l’inutile.

Magistral !

leoluce

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