Décidément insaisissable, Grégoire Fray nous avait surpris l’an dernier en s’aventurant aux confins du drone avec le morceau A Delicate Path, aux influences électroniques nettement moins explosives que ce à quoi son projet Thot nous avait habitués. Composé pour notre compilation Escaping dans la foulée du plus ambient The Fall Of The Water Towers que le Bruxellois nous présentait en interview comme un EP de transition vers de futurs horizons émotionnels et sonores, on s’imaginait un peu naïvement sur la voie du prochain long format du groupe.
C’était évidemment sans compter sur le sens du contrepied d’un musicien rompu aux crossovers labyrinthiques et si l’on entend en effet sur Keepers les réminiscences évidentes de ces pulsations presque introspectives et sur Dédale les artefacts prégnants d’un intérêt grandissant pour les textures sismiques du drone, The City That Disappears fascine surtout par sa capacité à digérer toutes ces sonorités au sein de morceaux majoritairement épileptiques, déferlements d’émotions contradictoires où se télescopent beats métronomiques et piano fébrile (Blank Street), guitares abrasives et ambient techno (Traces), refrains hymniques et tsunamis électro-rock (Rhythm.Hope.Answers, Citizen Pain) au gré des vocalises à fleur de peau de Grégoire Fray et de ses élans de romantisme névrotique.
Un album où la froideur désincarnée des architectures digitales est sans cesse confrontée à la rébellion de l’humain (HTRZ), ode post-indus résolumment moderne à l’attraction/répulsion des cités de béton sur nos âmes tourmentées en quête de connexion.
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