Mistress Bomb H – Les Nerfs

Date de sortie : 28 juillet 2023 | Labels : K7 ou téléchargement chez Kerviniou Recordz et Bruits de Fond

En rogne et disloqué, Les Nerfs. Rien n’y est serein. Les nappes stroboscopiques et plombées virevoltent vers le bas, le beat est martial et les bruits – tout autant que les mots (rares) – fusent comme des balles en caoutchouc.
Mistress Bomb H encapsule dans ses morceaux sa colère, ses dégoûts et le malaise actuel. On y entend très bien les manifestations, les violences policières, le grand mépris, ce que ça produit sur elle, ce qu’elle en ressent et ce qu’elle en pense. Avec concision – toujours – parce que sa musique et ses constructions rehaussées de quelques cris captés dans les cortèges, de quelques mots répétés à l’envie ou d’un fragment de discours politique parlent pour elle et suffisent à dévoiler sa pensée. Inutile d’en dire trop et d’être ouvertement didactique quand on en dit déjà bien assez. Le tout avec toujours beaucoup d’élégance et de justesse afin que le message n’écrase jamais ce qui l’entoure.

Les Nerfs pour danser tout en dressant les bras et le majeur bien haut. Les Nerfs peut-être pour expulser (Ta France, Fumiers) mais sans doute aussi pour témoigner et rendre compte (La Grogne) ou ironiser (Col Blanc, Ensauvagement). Ce n’est pas sans nuances et ce n’est jamais un simple matraquage. Il y a des pleins et des déliés et si la hargne est bien réelle, elle n’annihile pas l’intellect. C’est une colère froide, distanciée – une constance chez Mistress Bomb H – qui court-circuite les aplats monochromes et leur préfère les palettes plus profondes.
Ce n’est donc ni un pamphlet ni un tract politique et encore moins une profession de foi, c’est un peu tout ça à la fois mais sans jamais être strictement l’un ou l’autre. Quand les mots sont en avant, la musique abandonne la place en se tenant légèrement en retrait, jamais bien loin et quand ils sont absents, l’électro montre les crocs. La guitare crie ou s’immisce, les nappes inquiètes font front ou suggèrent, le beat scande ou s’aplatit, la freeture bourdonne ou fuse et l’ensemble construit sept morceaux accaparants.

Il en résulte un tapis en charpie, disloqué mais qui a bien de la gueule et Les Nerfs rejoint sans problème Say It Loud – I’m Girl And I’m Proud ou encore 9 Pictures dans une discographie certes rare mais toujours magistrale.

leoluce

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *