The Cowboy – Riddles From The Universe

Date de sortie : 15 octobre 2021 | Label : Feel It Records

Accrochage aux branches permanent, urgence, urgence, urgence et plus de temps pour écrire la moindre chronique. Je sais bien que ça ne manque à personne mais ça me manque bien à moi. Aujourd’hui, enclave éphémère de calme relatif : profitons-en pour parler du disque ci-dessous qui – à l’image de ses deux prédécesseurs – est un incontournable.

The Cowboy donc, from Cleveland, Ohio et si vous avez, comme moi, adhéré au (adoré le) précédent, il en sera de même pour Riddles From The Universe, son troisième album. Au programme, un son dégueulasse, treize morceaux approximatifs mais indéniablement carrés et autant de tubes navrants qui se ruban-adhésivent immédiatement à l’encéphale. Chez The Cowboy, on aime la noise, le garage et le punk à parts égales et tout cela est contenu en permanence dans la moindre petite parcelle de bruit. Les titres ne s’éternisent jamais – tout est presque systématiquement craché en moins de deux minutes – et s’enchaînent rapidement dans un bordel irrésistible qui s’arrête bien trop vite. Mais comme on n’a pas vraiment le temps d’en saisir quoi que ce soit, on est condamné à l’écouter en boucle pour tenter d’en faire le tour.
Le tour est néanmoins très vite fait et de prime abord, chaque morceau donne l’impression d’être une photocopie du précédent, tout comme Riddles From The Universe donne l’impression d’être une photocopie de Wi-Fi On The Prairie mais allez savoir pourquoi, je m’en fous complètement : The Cowboy pourrait en aligner 75 autres parfaitement identiques que j’adhèrerais tout de même. Condensé de hargne déglinguée, de fulgurances fuselées et de mélodies explosées, le moindre riff, les bong-bong rigides et la frappe sèche sonnent comme s’ils devaient être les derniers et c’est magnifique.
Approximativement magnifique.
Et puis, à bien y regarder, comme on commence à être bien familiarisé avec l’animal, il y a tout de même pas mal de nuances là-dedans. Des fins abruptes, des chœurs foutraques, des démarrages dont on ne comprend pas tout de suite qu’ils viennent de démarrer, des courses de vitesse entre les instruments, des moments purement exténués qui donnent l’impression que le groupe joue là, tout à côté, le nez dans sa bière et les larmes aux yeux, rien que pour nous. La musique est tout à fait générique mais dans le même temps extrêmement personnelle et n’est donc pas du tout générique. Une gageure qui provoque de drôles de trucs.

Outre l’accoutumance immédiate, The Cowboy sait transmettre son fracas et à l’écoute de Riddles From The Universe, les pensées vibrent et s’entrechoquent comme les morceaux. Le courant alternatif rebondit sous l’épiderme, trouve le réseau et vient toujours se ranger tout à côté des Cows ou de Hot Snakes sans jamais paraître comme un décalque. C’est juste un nouveau nœud, un truc qui irradie comme les deux autres à la fois dans sa simplicité, son absence totale d’angles arrondis, sa belle justesse et sa grande sécheresse, son côté cramé et tangentiellement glauque aussi.
Le trio joue la cohésion, le resserrement, envoie valdinguer bien loin le moindre remplissage et ne garde que la crudité et le nerf. Et l’urgence.
D’Our Vision à Stars Of The Future (c’est assez programmatique), The Cowboy jette d’emblée et en permanence toutes ses forces dans la bataille et ne garde rien en réserve ; une tactique de la terre brûlée absolument pas stratégique et je-m’en-foutiste qui accroche cependant beaucoup : Sail On, El Poño, Tea Labs, Guiding The Worm, Mojo Planet ou Universe Jam plus loin s’emberlificotent aux neurones, ne dépassent même pas les autres morceaux qui les entourent mais sont à même de rendre n’importe quel autre disque aseptisé et sans âme.
Bien sûr, tout ça est un poil trop dithyrambique, je force sans doute un peu trop sur les adverbes et les adjectifs : toutes ses fioritures pour parler d’un album qui n’en montre aucune. Mais difficile de dire autrement que Steve Peffer, Josh Banaszak et Drew Vaccaro viennent de cracher une nouvelle pépite, sans faire de bruit et que ces trois-là, l’air de rien, se spécialisent dans l’instantané qui dure.
En tout cas, voilà treize réponses on ne peut plus pragmatiques et terre-à-terre à quelques Riddles From The Universe qui s’inscrivent immédiatement sous la peau et on sait gré à Feel It Records de continuer son indispensable travail d’archivage du punk (et dérivés) actuel dans tout ce qu’il peut offrir de plus authentique.

(leoluce)


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