Xetas – The Cypher

De prime abord, le nouveau Xetas déçoit. Difficile de mettre pile le doigt dessus mais il y a quelque chose qui le place immédiatement en-dessous du merveilleux The Tower. Sans doute parce qu’il ne commence pas par une poignée de titres qui agrippent directement le cortex et transmettent leur vibration au corps tout entier comme le faisait le précédent. Sans doute aussi est-ce dû aux intermèdes indéterminés où la guitare divague, la basse titube et la batterie tapote. Où la voix se tait aussi. Enfin, les voix. D’autant plus que cette dynamique patraque vient parfois déglinguer quelques titres et apaise la formidable machine de guerre que constitue le trio. De prime abord, on est déçu donc. Mais voilà, l’album possède un je-ne-sais-quoi qui pousse à réitérer l’écoute et au bout du bout, il finit par faire son trou.
C’est que l’on retrouve dans The Cypher tout l’ADN de Xetas : du punk rock Leatherfacien et bien noise aux entournures, hardcore et légèrement pop, tous les titres en The, parfois cryptiques, et surtout la même science du morceau dévastateur qui s’insinue instantanément même si les bombinettes qui faisaient l’ordinaire de The Tower sont objectivement moins nombreuses et se retrouvent aujourd’hui disséminées dans la tracklist et non plus regroupées au tout début.
Du coup, la déception susmentionnée n’est qu’un leurre : même s’il prend son temps, The Cypher mérite qu’on s’y arrête. D’une part, on y retrouve le bétonnage rhytmique et l’attaque systématique chers au trio, la guitare incisive et conquérante (David Petro) , la grosse basse plombée (Kana Harris) et la batterie épileptique (Jay Dilick) , les voix entremêlées (tout le monde) mais on trouve également dans le disque des moments où Xetas s’en va ailleurs et quitte l’autoroute punk hardcore pour tenter des choses nouvelles : l’instrumental The Witness par exemple où tout ce petit monde lève le pied et pousse plus avant ses élans mélancoliques pour un résultat convaincant ou encore l’ultime The Mariner, morceau étonnant mais également convaincant, très pop et bucolique avec chœurs boy scouts et tutti quanti.

Du coup, The Cypher, c’est du Xetas pur jus – The Doctor en ouverture reprend les hostilités exactement là où les deux précédents les avait laissées, l’éponyme ou The Xero plus tard labourent également ce même pré carré – associé à du Xetas exploratoire.
The Witness ou The Mariner donc mais aussi The Bystander où le trio interrompt subitement le pilonnage en règle avant d’esquisser quelques entrechats dans les airs et quelques autres montrent un groupe qui nuance son propos, sort les crocs un peu différemment voire les dissimule.
Le corrolaire, c’est que Xetas perd fatalement en efficacité ce qu’il gagne en variété et c’est bien ça qui explique l’adhésion en différé. Peu importe puisqu’il ne fait aucun doute que celle-ci finit par advenir : le groupe peut toujours se targuer d’un songwriting maousse et sait comment s’y prendre pour transmettre ses doutes et sa colère directement de son cortex et de ses tripes aux nôtres. On décèle bien quelques baisses de régime (la guitare bizarrement chimique de The Hierophant, chouette morceau nonobstant ou le trop convenu The Objector) mais rien de rédhibitoire puisqu’on passe, in fine, un très bon moment avec The Cypher.

Alors oui, on a été déçu de prime abord mais qu’importe. Avec ses imperfections, ses accidents, sa variété nouvelle, Xetas reste au fond ce qu’il a toujours été : un incontournable du punk rock contemporain.

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