Date de sortie : 27 janvier 2023 | Labels : Crapoulet Records, Hell Vice i Vicious Records, Assos’y’Song
D’emblée, tout est sa place : les lignes de basse nerveuses (Raphaël Bathore), les guitares malignes (Emma Amaretto et Eric Trolux), l’increvable boite à rythmes, la(es) voix déterminée(s) (scandant en Anglais ou Français, c’est selon) et le logo en escalier inversé apparu avec leur deuxième album, High Grey Effective en 2019. Pour autant, Modern Delusion n’en est pas une photocopie, il est un poil plus renfrogné, hirsute et cafardeux qu’à l’habitude. Peut-être parce qu’il « est né durant le confinement du printemps 2020 » et qu’il porte en lui les stigmates d’une époque flinguée, étrange, complexe.
Correspondant pile à son titre, il montre Catalogue rester fidèle à sa doxa mais plus amer et alterne entre post-punk grande classe et punk racé, disco neurasthénique et new wave nerveuse en remportant immédiatement l’adhésion (ça, ça ne change toujours pas avec les Marseillais). Tout à la fois vindicatif et patraque, énergique et inquiet, il impose un entre-deux permanent, nuancé et souvent superbe (Suburban Girls).
On danse mais on pleure aussi, le sourire aux lèvres mais le regard froid ; on s’abandonne mais jamais complètement, légèrement crispé et sur le qui-vive. Il y a tout ça au milieu de chaque titre et si l’album est monolithique (le tatapoum rigide impose l’unité), il est aussi très varié et s’enquille d’une traite.
C’est que Modern Delusion cueille sans attendre : on coïncide avec lui via Synchronized en ouverture, sa grande urgence, ses lignes de basse obsédantes, les bpm en surchauffe et sa voix scandée. Le reste est du même acabit, empile morceaux tendus (Suburban Girls, At Night ou Ageing plus loin), ossatures discoïdes écorchées (Parallel Lines, 2030), moments inquiets (Houseplant, Casino) voire renfrognés (le très prenant Fragments ou La Croix) jusqu’à l’ultime Kids Of The Black Hole, chouette reprise des Adolescents qui vient clore le disque, renvoyant un paquet d’années en arrière mais montrant à quel point la rage n’a pas à se diluer et reste d’actualité.
Bref, Catalogue fait mouche une nouvelle fois, franchit encore un pas dans l’écriture et livre un album dense, recherché qui n’exclut pas pour autant la spontanéité.
Son meilleur album.
(leoluce)