Aussi insaisissable que celle du collectif australien Ektoise auquel Jim Grundy prête notamment machines et claviers entre deux incursions dance-punk flamboyantes et décomplexées à la basse des sémillants Re:Enactment, la musique de Subsea a pour unique constante cette machinerie somatique aux rythmiques décadentes et aux textures déliquescentes qui donnait son nom au superbe La Mecánica Del Corazón, composé pour notre compilation Transmissions from the Heart of Darkness part III: Escaping l’an passé.
Lorsqu’il ne laisse pas son esprit errer au gré des flottements oniriques de ses synthés vintage (Untitled II) ou divaguer dans la pénombre d’une ambient percussive et fantasmagorique (Deux Ordinateurs à la Nuit), l’Anglais insuffle ainsi dans ses échafaudages de beats en équilibre instable une subtile arythmie héritée du free jazz et de l’IDM dadaïste des grandes heures de Mouse on Mars (Untitled). Trois pôles que Grey Knotts fusionne avec une virtuosité qui jamais ne s’impose, tant la sensation d’assister à la mutation de quelque organisme inconnu des naturalistes prend le pas ici sur toute démonstration technique, un groove bancal redoutablement déboussolant finissant d’engourdir nos velléités d’analyse au profit d’une contemplation fascinée de ce petit bijou d’étrangeté.