36 – Void Dance

Pour ceux et celles qui suivent ces pages depuis le début – désormais habitués aux rêveries occultes dronesques et aux élancées free jazz habitées – vous noterez que cet étrange pseudonyme, qui fut pourtant à de maintes reprises mentionné dans les tops annuels individuels – n’a jamais eu droit à quelconque autopsie. Cet article s’annonce donc comme une grosse séance de rattrape, et sera probablement le dernier que j’écris à propos de ce projet.

« Three Six » évolue depuis 2009/2010 dans son propre cocon et publie ses travaux par le biais de son label 3six Recordings. Son identité s’est forgée par sa seul intervention, sur tous les plans artistiques. L’écriture, la production, le graphisme, tout est de lui. C’est à partir de 2012 que Dennis Huddleston se fait remarquer, grâce à son 3ème album studio (si on laisse de côté les Tape Series) Lithea, final du triptyque qu’il a engagé en 2009 avec Hypersona. Acclamé par la critique, ce Lithea est à ce jour une véritable référence pour ma part. Mais nous y reviendrons plus tard.

Vous l’aurez donc compris, Void Dance n’est qu’un prétexte pour aborder le cas 36 dans sa globalité. Les déboires que génèrent ses derniers travaux, en constantes progressions, m’ont poussé à rebouffer toute sa discographie pour tenter de comprendre ce qui se passe. Le LP est loin d’être mauvais. C’est tout simplement le moins envoûtant qu’il ait produit. Des albums plus anecdotiques ou trop expérimentaux peuvent constituer des erreurs de parcours, dès lors que cela reste isolé, et oublié par la suite. Pour ma part je n’ai cessé de suivre l’actualité de 36 depuis des années, constatant avec regret qu’au fil des sorties, la mécanique fonctionne de moins en moins.

Lithea a nécessité un investissement psychologique et créatif énorme. Il constitue un temps fort de sa carrière de part sa richesse et sa renommée. Désormais il n’y a pour ma part que du « post-Lithea ». Nouveau matériel, nouvel environnement de production, nouvelles sources d’inspiration. J’avais beaucoup apprécié Shadow Play sorti en 2013, alors que le « virage » artistique n’était pas encore totalement entrepris. Par virage, j’entends cette progressive migration vers des productions plus optimistes et sensibles. Malheureusement, c’est dans sa mélancolie et sa noirceur les plus intimistes que 36 s’est révélé être le plus poignant au fil des années. Me vient alors en tête des titres tels que Forever (Hypersona), les énormes Home/Siren/Darkroom Distortion (non mais Hollow quoi) et bien évidemment la moitié des titres du Lithea, Another World en tête de gondole. Ce caractère résolument plus lo-fi et brumeux propre aux prémices du projet manque terriblement, spécialement lorsque l’on en vient à des comparaisons directes avec Void Dance.

Je n’épiloguerai pas plus que ça à propos de ce dernier arrivant, que j’ai tenté tant bien que mal d’apprécier dans différents contextes d’écoutes, en vain. Le dit-album démarre pourtant bien, l’enchaînement Hold On/Equinox/Stasis Eject fonctionne malgré des synthés déjà un poil trop larmoyants ou expressifs (surtout sur le premier morceau). Ce qui est le plus triste pour terminer, c’est de constater que ses précédents travaux n’étaient que des recherches, des esquisses de ce à quoi l’on est confronté aujourd’hui. 36 semble être arrivé au résultat qu’il escomptait, après 6 ans d’expérimentations. On est évidemment déçu, en dépit des gros progrès techniques démontrés en parallèle. Pourquoi continuer à sortir un album par an minimum  ? On ne peut évidemment pas le blâmer de vouloir gâter sa solide fanbase (dont je fais irrémédiablement partie) mais force est de constater que le projet est en énorme perte de vitesse, créativement parlant. Et j’en suis le premier désolé.

Pour ne pas oublier à quel point le type est un génie je vous invite quand même à vous replonger dans ses anciens disques.

 

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