Immersions croisées pour ces trois Portugais adeptes d’un dark ambient oppressant et abstrait. Des trois, on connaissait surtout Rui Paulino Andrade, révélé par l’excellent Jerome Faria (l’intrigant 100421 sur notre compil’ Elsewhere l’an passé, c’était lui) sur son label BRØQN avec l’énigmatique et insidieux Vessels en 2012. Tout en basses fréquences mystiques et capiteuses allant crescendo vers une résurgence de bruit blanc et de pulsations oscillantes, son Turdus Merula (le nom latin du Merle commun) à base de field recordings et de guitare manipulés est le climax sismique de cette triplette vouée à retranscrire l’irrésistible appel des ténèbres par delà l’espace et le temps.
Quant à Aires, fort d’un premier opus aussi magnétique que concis sorti l’hiver dernier sur le même netlabel Enough Records (dédié aux expérimentations de la scène ambient portugaise) qui édite le présent split, il ouvre l’album sur une transmission radio aux voix étouffées par un flot d’idiophones stridents, laissant au Lisboète Earthly Beasts le soin de conclure avec ses textures à combustion lente et ses beats indus clairsemés, sur un Erebus plus contrasté mais tout aussi minimaliste et pénétrant que ses prédécesseurs.